Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

 

RACOLAGE Passif : Un début de spectacle brutal, basique et sauvage par sergeDEFT .

 

 

 

mmmmmm...

 

 

RACOLAGE Passif  infuse tout d’abord au public une dizaine de minutes de bruits urbains - métro aérien, klaxons et sirènes des véhicules d’intervention, ainsi que les tlic tlic tlic d’une femme qui marche en talons aiguille. Tout ça se mélangeant bientôt aux mmmmmm…, aux han-han, gémissements et halètements sans équivoques rien que pour taquiner la libido, avant que des pleurs de nourrissons submergent cette curieuse bande-son.  

Après les évocations lubriques, c’est le passage à l’acte !

 

Un démarrage sur les chapeaux de roues !  

 

RACOLAGE Passif commence pied au plancher et fonce en zigzaguant sur la ligne blanche, prenant tous les risques.

 

Mâchoire inférieure proéminente en chrome étincelant, calandre agressive comme la gueule bien fournie en dents longues et fines d'un poisson vorace, le petit coupé fond depuis les Hauteurs sur la mégalopole scintillante, avec un appétit insatiable pour le bitume.

 

 

Raoul LaZoR et KoKo déversent avec sadisme sur l’auditoire ce premier morceau d’une façon totalement primitive. Paroles minimalistes et guitares jusqu’au-boutistes. Vitesse d’exécution frôlant la sortie de route à tout moment.

Le groupe s’octroie pour cette furieuse estocade le son de la sauvagerie, rend hommage au rock high energy, au Detroit sound, aux stridences punk et aux débordements soniques de certains groupes nippons très énervés, du type THEE MICHELLE GUN ELEPHANT ou GUITAR WOLF, y entremêle les bruits d’un moteur suralimenté, très sollicité et des crissements de pneus, histoire de prouver à ceux qui ne le sauraient pas encore le potentiel de dévastation dont RACOLAGE Passif est capable sur scène. Une attaque électrique et féroce des curieux qui ont osé pousser les portes pour voir qui était responsable de tout ce boucan.

 

RACOLAGE Passif pousse à mort ! Risque la surchauffe. Suite impressionnante d’embardées où les guitares vont souvent mordre les bas-côtés. Ce début de concert est un véritable hommage au moteur à explosion et à la pédale d’accélérateur.

Après une si longue absence - une parenthèse de vingt-trois ans quand même - les terrifiants Frères LaZoR (Raoul et Gustave, que tout le monde croyait pourtant fâchés à tout jamais) sont attendus au tournant, alors ils ne lésinent pas sur les artifices pour gagner en efficacité et terrasser les récalcitrants. D’entrée, RACOLAGE Passif fait très forte impression avec RITA, véritable crise d’épilepsie rock’n’roll. De la musique qui s’agrippe aux hanches et qu’ils balancent d’un coup de reins brutal. Une introduction sans ménagement. Un acte contre nature.

Fidèle à un serment d’allégeance aux précurseurs, Raoul LaZoR en chef incontesté du gang, embarque avec lui dans sa nouvelle cavale, outre de nouveaux complices totalement dézingués, quelques illustres fantômes, allant jusqu’à intégrer vers la fin de cette attaque vicieuse le riff de Rumble comme une révérence respectueuse du baron bougon du bayou au saigneur Link Wray.

Tandis que derrière, des machines personnalisées par les doigts fiévreux de son frangin Gustave usinent les rythmes et crachent des gimmicks qui font office de turbo. Des machines tellement tripotées qu’elles sont devenues tout aussi tordues et lubriques que les autres membres du groupe. La technologie violée et transformée en magie jubilatoire, pour ne pas dire jouissive.

Après ça, l’épuration s’est faite d’elle-même dans la salle. Comme disait Bernard à Lino en beurrant les sandwiches dans la cuisine : Faut reconnaitre, c’est du brutal !               

Et devant un tel débordement dévastateur en ouverture, un copain de passage de me demander :

-   Yz’y rajoutent quoi au juste dans leur pineau arrangé aux amphétes, sur Oléron ?

C’est certain, une vitalité comme ça, c’est suspect. Ca s’rait pas étonnant qu’ça coince au premier contrôle antidopage.

RACOLAGE Passif est tonique, certes, et ne manque pas de souffle, mais ne fait pas partie du club des formations festives du moment, montées sur ressort et un peu pouet-pouet rigolardes, trombone-trompette-saxo joyeusement sautillants partout sur la scène par paquet de dix, qu’à les voir s’agiter comme ça, on pourrait croire qu’ils sont tous méchamment titillés dans leurs fondements par des chapelets d’hémorroïdes vicieuses.

RITA est un attentat bruitiste joué à toute bombe. Pas de doute, Raoul et Gustave LaZoR ont décidé de quitter la clandestinité pour retourner à l’activisme le plus dur. La fratrie factieuse ne déroge pas à sa doctrine d’autrefois et a recours à nouveau au terrorisme sonore qui fit sa réputation pour bousculer les clampins lobotomisés. Et c’est tant mieux. Les deux frères sont des extrémistes de longue date, on le sait, et c’est en leaders historiques qu’ils revendiquent haut et fort, avec RITA, ce premier plasticage de la monotonie. Ils reprennent la lutte, entourés cette fois de quelques jeunes incendiaires recrutés dans les milieux dissidents les plus enragés et subversifs. Alors ça promet !

RACOLAGE Passif est armé à l’électricité pure et fait usage du niveau maximum de la férocité du désordre pour combattre le grand ennui, l’apathie ambiante, ainsi que l’abrutissement télévisuel et se distingue ainsi des groupuscules aux vocaux intello-revendicatifs sympathiques, ces jeunes guérilleros en formule guitares hispano-gitano-nouba, chorizo entier luisant derrière une oreille et paëlla entre les orteils, vêtements amples très colorés en coton bio issu du commerce le plus équitable et caleçons Calvin Klein propres.

RACOLAGE Passif connait malgré tout ses classiques, mais n’a rien à voir non plus avec les marchands de nostalgie douceâtre et autres trafiquants de contrefaçons aux épaules étriquées et aux dents bien blanches, ces bandes de p’tits péteux, ces mauvais clones – clowns - des Sex Clash, Pistols Dolls et autres dégénérescences de ce début de siècle.  RACOLAGE Passif est un groupe très sanguin mais n’est pas sous perfusion du passé. Que ce soit compris une fois pour toutes, Raoul LaZoR exècre les pourvoyeurs peu scrupuleux de riffs frelatés et de variétoche déguisée et les bad boys d’opérette fourrés à la frangipane industrielle totalement indigeste.

Pas de risque avec ces renégats du son d’avoir à supporter un morceau aux effluves écœurants de patchouli pour confectionneurs de macramé, ou pire encore un aquaplanage grandiloquent et longuet de musique totalement indolore et inutile. Parfaite pour les poissons en aquarium.

Que ce soit bien clair (si je puis dire) : les barjes de RACOLAGE Passif ne jubilent vraiment que dans le chaos où la distorsion est reine.

Faut voir le sourire carnassier sur le visage de Raoul LaZoR à la simple évocation de la poussière d’arpèges fortement allergène et des solos de gymnaste sur trampoline du Starway Machin de Lep Zed, hymne international, purulent d’orgueil, de tous les grattouilleux à mâchoires pendantes.

Inutile de vous dire, après ça, ce que pense Raoul LaZoR des lascars à capuche qui arpentent les scènes les mains dans le dos…

Coup de frein.

On arrive dans La Grande Cité.

 

              Il est PEUT-ÊTRE  un peu plus de minuit

et la chaleur est toujours aussi étouffante.

 

RACOLAGE Passif  bientôt en tournée pas loin de chez vous. Si une expérience extrême ne vous fait pas peur.

 

sergeDEFT - Mars 2011

Partager cette page
Repost0